samedi 2 mars 2013

Bolivie : Potosi, Sucre et Uyuni

Coup de gueule 

Commençons par un petit coup de gueule. Après avoir séjourné à La Paz jusqu'à saturation, il me fallait reprendre le cours de “mon” voyage, c'est-à-dire celui où je décide ce que je fais, quand, comment et combien de temps. Malheureusement, j'ai un grand problème avec la Bolivie c'est que on ne va pas réellement où on veut et grossièrement le tracé du touriste est quasiment tout déterminé. En effet, en dehors des lieux touristiques, il n'y a rien à des kilomètres à la ronde. C'est superbe lorsqu'on traverse ces contrées sauvages à perte de vue mais il n'est quasiment pas envisageable d'aller y faire une marche car pas exploitées et donc absolument pas desservies par les bus ou autres transports. Bien entendu ce fait n'est pas la faute des boliviens, mais j'ai néanmoins la méchante impression que rien n'est fait pour améliorer ce point là et que c'est même une volonté. En effet, dans la plupart des villes, le programme se limite aux 2-3 attractions à touristes proposées et sinon, il faut bien le dire, il n'y a plutôt rien à faire. En plus, si on veut aller marcher dans un parc naturel, il faut dans la plupart des cas être obligatoirement accompagné d'un guide. Forcément puisque personne ne s'est donné la peine de faire une carte potable, les gens ont de grands risques de se perdre. Et ainsi ils paient un guide, tout bénef. Je sais je suis difficile et râleur mais je suis pas sûr que ce genre de logique va à terme attirer beaucoup de touristes en Bolivie (même si les prix sont 5 à 10 fois inférieurs à la Suisse).
Pour ma part, ce n'est pas très motivant : si visiter un pays c'est faire des attractions avec 20 autres gringos comme vous dans une visite aménagée, stérilisée et stéréotypée...bof. Prenez par exemple les alentours directs de la place principale des villes principales : c'est d'un affligeant avec des boutiques de marque, des pizzerias tous les 2 mètres, cinquante agences qui vous proposent les mêmes 3 attractions comme mentionné ci-dessus, etc... Alors que si vous vous écartez du centre, vers l'extérieur, vous rentrez dans la zone où les gens locaux vivent, font leurs courses, vont au marché... Une zone dont les bâtiments ne sont pas toujours soignés, les échoppes très sommaires, les routes de simples pistes de terre, mais au moins vous voyez le vrai côté du miroir et en général il est bien plus beau et typique que ce qu'on trouve au centre. Donc un conseil sortez des sentiers battus, ça vaut la peine; pour le reste...essayez et faites vous votre opinion :-). A voir si la mienne changera avec les prochains pays visités.

Potosi

Bref, revenons à Potosi. Après une dizaine d'heures de bus depuis La Paz, j'arrivai à Potosi à 4h30 du matin. Ben tiens, c'est super pratique ça comme heure d'arrivée (j'ai toujours pas compris l'utilité). J'ai donc attendu 1h30 à grelotter dans le terminal avec deux amis argentins avant de pouvoir aller au centre ville en bus. Et comme il était trop tôt pour prendre mon lit dans le dortoir, j'ai donc été visité la ville à pied. 
Potosi est plutôt une ville à l'architecture agréable, de type colonial car ayant été quasiment (je dis bien quasiment) le centre du mondeau 16ème siècle. En effet, c'est à cette époque que les conquistadors espagnols ont découverts autour de Potosi des gisements énormissimes d'argent qu'ils exploitent abondamment et avec lesquels ils s'enrichissent. La ville, créée en 1545 dans ce but, devient plus peuplée que Paris ou Londres à l'époque et compte plus de 200'000 habitants. Mais les mineurs sont eux aussi exploités et travaillent dans des conditions terribles, mourant par milliers (millions au total) de maladie ou à cause d'effondrements. Lorsque les gisements d'argent commencent à s'épuiser vers la fin du 18ème siècle et que d'autres ne sont trouvés, la ville tombe en désuétude et est gentiment laissée à l'abandon. D'autres minerais sont exploités comme l'étain, l'antimoine et le zinc mais ceux-ci ne suffisent pas à garder l'intérêt des conquistadors. 
Les hauts de Potosi avec le "Cerro Rico" en fond ("montagne riche")
Ruelle des hauts de Potosi
Aujourd'hui, Potosi est toujours tristement connue pour ses mines dans lesquels travaillent (et meurent comme dis le “dicton”) chaque jour 2000 à 3000 boliviens. En raison des poussières et vapeurs inhalées, ils développent une maladie qui leur obstrue les poumons et réduit leur durée de vie à seulement 35-40 ans. Difficile à concevoir. Mais les mineurs sont néanmoins fiers de leur travail car c'est une tradition. 


Dans la mine, pataugeant dans un liquide
composé d'on ne sait quels matériaux
Dès lors j'étais partagé entre le fait de faire la visite des mines pour un aspect purement instructif et témoignant d'une situation actuelle difficile mais bien réelle ou éviter celle-ci car trop intrusive et représentant une sorte de voyeurisme malsain. J'avais opté pour la seconde possibilité mais lorsque j'ai eu fait le tour de la ville et des hauteurs et que j'ai découvert qu'il n'y avait vraiment, mais vraiment, rien à faire je me suis finalement décidé à faire la visite. Et bien m'en a pris car c'était vraiment très enrichissant. Comme elle a eu lieu un samedi d'après carnaval, très peu de mineurs travaillaient dans la mine (on en a vu 10 ^^) et on a fait la visite seulement à 2, avec une française, et nos 2 guides, anciens mineurs reconvertis. Les conditions étaient certainement plus faciles en raison du peu de travailleurs. En effet, cela engendre moins de poussière et moins de chaleur, facilitant ainsi la “visite”. Néanmoins, on se représente sans peine la difficulté de travailler dans un tel endroit et qui est d'ailleurs bien représentée dans le film documentaire de 2005 “The Devil's Miner” que j'ai eu la chance de voir à Sucre et qui a été tourné dans les mines de Potosi. 

Un mineur creusant au burin une cavité pour ensuite y insérer un bâton de dynamite
Mise à part ça les hauts de la ville sont à mon avis très typiques des villes boliviennes avec des rues épurées, de terre ou de béton et toujours avec une vue superbe sur les sommets alentours. Un bon endroit pour se promener tranquillement loin du trafic et du centre.

Sucre

Après l'escale d'un jour à Potosi, je reprenais le bus pour aller dans la capitale : Sucre. J'en avais entendu que des aspects positifs et étais dès lors impatients de découvrir les lieux. Mais de la même manière que Cusco j'ai été au premier abord un peu déçu de ne découvrir “qu'une ville”, belle certes avec son centre tout de blanc vêtu, mais finalement un peu pareille aux autres. Cet allant critique est aussi peut-être dû à mon humeur du moment quelque peu fluctuante qui m'a fait voir les choses de manière biaisée. 
Cependant une chose m'a vraiment emballée, c'est la place devant l'église de la Recoleta qui présente un très joli passage voûté avec une vue plongeante sur la ville ainsi que des magnifiques petites ruelles à l'arrière (3 photos qui suivent). Un coin à découvrir absolument en lisant un livre, cassant la croûte ou buvant une bière.

Eglise de la Recoleta depuis les arcades

Vue de la place devant l'église de la Recoleta et dont la vue donne sur la ville
Toujours la vue sur la même église mais depuis une ruelle derrière.

La beauté du cimetière général et de son aménagement fin et subtil et également à remarquer pour la Bolivie (dsl c'est à nouveau cash mais à mon avis vrai) ainsi que le parc Bolivar. La place centrale entourée par ses fameux batiments coloniaux blancs est également un endroit sympa pour s'arrêter lire quelques pages. Un autre endroit à ne pas manquer est le marché central juste à côté. Celui-ci s'étend sur 3 étages et ressemble furieusement à un parking  extérieur comme chez nous mais ici les voitures sont remplacées par des étals de fruits et légumes de toutes sortes, du fromage, des jus colorés, des pains en veux-tu en voilà (ça, c'est pour moi ^^), des bibelots en tous genres, des échoppes à touriste comme partout et surtout des alignées de tables de camping pour prendre l'almuerzo (diner) comme les locaux. Si vous devez aller diner quelque part c'est bien là ! :-) 

Cour supreme de justice devant le parc Bolivar
Sinon à Sucre j'ai rencontré Attila, un ami tchèque, avec lequel j'ai visité la ville durant deux jours ainsi que le musée paléontologique du coin. Il s'est avéré que c'était une de ses passions et dès lors j'ai eu droit à des infos complémentaires et hyper intéressantes sur l'ère fabuleuse des dinosaures ainsi que celles ayant précédé et succédé. Et pourquoi ce musée à cet endroit? En fait, il a été créé après la découverte de couches géologiques comportant des empreintes de dinosaures fossilisées d'il y a 68 millions d'année. Avec le mouvement des plaques tectoniques qui a donné lieu à la formation de la chaine andine (entre autre), ces couches se sont plissées et dans ce cas mises en position verticale. Il a été découvert accidentellement durant un terrassement car le site était une ancienne carrière. Après cette découverte, les archéologues ont repris la main et sorti de terre cette IMMENSE paroi (de 1500m de long sur 110m de haut) avec plus de 5000 traces de dinosaures de différents types. Vraiment fascinant. 

1km500 de long, 110m de haut, 5000 traces de dinos, un immense tableau naturel sorti du passé

Une autre, pour donner une perspective légèrement différente
Et une zoomée pour voir les traces, verticalement sur la gauche
En plus de cela, le parc contient des répliques de dinos grandeur nature dont un titanosaur de 38m de long et 18m de haut. La photo ci-dessous permet de le comparer avec moi ^^.

Tieu la bête !
Donc Sucre ça vaut quand même vraiment la peine d'y passer même si elle révolutionne pas le genre :-).
Il était alors gentiment temps d'aller vers Uyuni pour voir le fameux Salar. Ainsi le soir avant de partir, je préparai 4 énormes sandwichs pour le souper du soir et les 12h de bus du lendemain en regardant depuis ma fenêtre avec vue sur la rue, les gens courir dans tous les sens sous une pluie battante. Puis je dégustai ceux-ci en regardant un film sur mon ordi tranquillement assis dans le dortoir de 8 lits que j'occupais seul ^^. C'est pas souvent et ça fait vraiment plaisir.

Uyuni

Uyuni, située au sud de la Bolivie, ressemble furieusement à une ville de western avec ses rues désertes et arides en terre jaunatre. On y verrait des cow-boys qu'on ne serait pas étonné. Mais Uyuni est quasi uniquement connue pour son Salar qui est d'ailleurs une des attractions les plus populaires de Bolivie. Et comme ça permet d'accéder au Chili ensuite, c'était donc tout trouvé.

A 10h30, le lendemain j'étais donc prêt à prendre le 4x4 pour parcourir ces plaines naturelles à perte de vue avec une fine équipe formée de deux anglais (un et une), deux japonais (un et un) et un canadien (un). Surement en raison de l'heure très matinale (hmmm), nous sommes partis avec 45min de retard vers le Salar, premier attraction du jour. Un ancien lac d'eau salé quasiment asséché depuis et constituant donc une étendue salée impressionnante permettant de mettre en image son imagination :-D. Les reflets sur certains bancs d'eau sont également féeriques. Une place sans commune mesure.

Le Salar 1

Le Salar 2 (remarquez un certain drapeau rouge et blanc...)

Le Salar 3 : quel équilibre

Le Salar 4
Puis départ vers le sud où nous attendent des paysages typiquement texans (dixit le canadien du groupe) de terre rouge et craquelée avec en fond des sortes de canyon. Malheureusement, malgré que le guide soit super sympa, il ne dessert pas les dents du voyage et nous n'aurons comme information que les noms des endroits où l'on s'arrête (après que je les aie demandé bien entendu), rien de plus. Vraiment dommage (mais j'y reviendrai :-) ).

Le jour suivant, on voit des roches volcanique plantées au milieu du sable à des kilomètres de la prochaine montagne,


un lac de glacier superbe,


des paysages désertiques aux couleurs improbables contrastant avec le ciel,


une lagune immense de 30cm de fond où se prélassent des flamands roses,


la fameuse laguna verde aux reflets....verts


ainsi que la laguna colorada plutôt teintée de rouge.


Après un bon souper spag-bolo-vin il est l'heure d'aller prendre des forces car le lendemain le rdv est fixé à 5h pour le déjeuner. Seulement, à 5h le lendemain il n'y a personne...tout est noir et silencieux. 5H30 arrive en catastrophe le premier guide qui va dans la cuisine packter le déjeuner et qui part avec son groupe. Je lui demande où est notre guide, il n'en a aucune idée. Lorsque les autres sont dehors de la chambre, l'un d'eux me dit qu'il a entendu les guides se mettre une quillée magistrale et faire une monstre fiesta le soir d'avant. Magnifique ! On décide donc d'aller se servir dans la cuisine pour le déjeuner avant que notre guide ne se pointe à 6h, les yeux démontés et n'ayant visiblement pas les idées en place. On ratera donc le lever de soleil mais on verra quand même les geisers et on pourra se réchauffer dans les eaux chaudes naturelles qui suivront avant de rallier la frontière pour passer au Chili (et j'en suis vraiment pas malheureux ^^).



Donc des paysages fantastiques mais le tout teinté d'une petite amertume concernant le voyage en lui-même. J'y reviendrai dans un petit résumé sur mon opinion de l'Amérique du Sud :-D.

Maintenant ? San Pedro puis Vina del Mar pour recharger mes batteries durant quelques jours et déterminer la suite du voyage au sud.

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