Au tout début, après 2 semaines, j'avais déjà l'impression d'avoir voyagé 2 mois tellement j'avais vu, rencontré, partagé. Tout était nouveau, j'avais un grand appétit de découvrir ce monde avec ces expériences (surtout après Haïti). Plutôt difficiles et préoccupants au début, les changements continuels de lieux sont devenus une habitude, un rythme agréable. Bien entendu, pouvoir se poser à un endroit plusieurs jours durant était un réel plaisir afin de se reposer, faire la lessive et prendre du bon temps pour planifier la suite du voyage ou écrire quelques lignes sur le blog. Il n'empêche que le premier mois, je n'ai lu que 20 pages de mon livre et c'était à l'aéroport de Zurich ^^, autant dire que je n'ai pas chômé. Puis, après un séjour de quasi 3 semaines à Cusco, c'était le vrai voyage qui commençait. Pourquoi ? Car je n'avais rien de planifier dans le cours terme, la prochaine échéance était le vol depuis Santiago le 18 mars, et j'étais seul. En 20 jours en Bolivie, j'ai dormi à 16 endroits différents, mangé dans les mêmes bistroquets que les locaux, arpenté les rues de toutes les villes visitées pour découvrir l'envers du décor. Autant dire qu'en arrivant à Vina del Mar, j'étais vraiment steak (= très fatigué ^^) et que quelques jours de repos chez “Maggy” m'ont fait le plus grand bien. Bien sûr c'était ma faute, j'aurais très bien pu faire des étapes plus espacées, rester à un endroit plus longtemps (comme à Sucre par exemple) mais très franchement je n'en ai pas trouvé en Bolivie où passer 2 ou 3 jours sans me lasser rapidement.
Je me suis donc demandé pourquoi. Pourquoi après 2 jours j'étais lassé ? Et donc qu'est-ce que j'attendais d'un endroit, d'une ville ?
Et toutes mes réflexions semblaient converger vers une réponse : le fait d'être seul. En effet, une ville se perçoit et s'apprécie différemment si l'on peut partager un pique-nique dans un parc ou boire un verre sur une terrasse en fin de journée. Un repas pris seul, même à des endroits variants, reste assez similaire en tous cas dans l'esprit. Une chose intéressante c'est que quand je me disais que je pourrais me faire plaisir en m'offrant par exemple un bon resto, je n'en avais en fait finalement pas envie parce que je ne pouvais partager ce moment “spécial” avec personne et que dès lors même un bon repas restait un repas que je pouvais bien prendre dans le premier bistroquet qui venait. Alors qu'à plusieurs, ceux-ci deviennent des éléments importants constitutifs d'une journée et peuvent même suffire pour en être les objectifs principaux ou uniques de celle-ci.
Ainsi, en ajoutant les attractions et sites à voir, on passe facilement quelques jours dans une ville. Autrement, on la parcourt en long et en large, on s'intéresse aux choses à faire et bien sûr on s'émerveille devant les belles choses...mais pas très longtemps car pourquoi s'attarder plus ici alors qu'ailleurs il y en a d'autres à voir?
On passe également du temps à repérer les endroits sympas pour manger, acheter des fruits ou du pain (ça, c'est pour moi ^^) puis on rentre tranquillement à l'hotel. Et le lendemain, après être sûr qu'on a bien tout vu...on prend un bus, on change d'endroit et on recommence. Comme si le fait de bouger était salvateur, comme si il constituait une activité réalisée pour occulter une réalité, banale mais pourtant fondamentale : ne pas s'ennuyer :-). Seul, on n'a pas de motivations intrinsèques exceptées celles propres au voyage c'est à dire voir et découvrir des belles choses. Et à partir d'un certain moment, on change d'endroit pour essayer de rencontrer des gens avec qui partager cela. Ce partage si important comme le décrit subtilement le film “Into the Wild” : “le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé”.
Tout cela, je ne l'ai perçu qu'à la fin de mon séjour en Bolivie et au Chili car je rencontrais de moins en moins de monde et quasiment personne pour ce dernier pays. En effet, le Chili est un pays incommensurablement long et le tourisme je dirais plus démocratisé induisant un nombre possible de lieux à visiter gigantesque. Ainsi les touristes sont éparpillés même si autour de San Pedro (extrême nord) et en Patagonie (au parc Torres del Paine par exemple) leur concentration reste très élevée.
Et en ayant moins de contacts, on se rend compte de leur absence et de leur importance.
Car outres les paysages et sites incroyables que j'ai pu voir, c'est bien les rencontres faites jusqu'à maintenant qui me marquent le plus. Au début c'était chaque jour, chaque semaine, de nouvelles personnes avec qui l'on partage un thé, la visite d'un site ou des astuces de voyage. On noue des contacts et bien sûr on doit malheureusement se séparer à chaque fois mais le processus est comme perpétuel et on réalise de nouvelles rencontres plus enrichissantes les unes que les autres.
Cela montre aussi bien toute l'importance de l'amitié et des liens incroyables qu'on peut créer, tisser et renforcer avec ses amis durant des années. Avec la famille, ce sont les fondements même de notre vie (sociale et sociable) et de notre équilibre, car seul nous ne sommes personne.
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