jeudi 14 mars 2013

Chili : Isla de Chiloe, Puerto Varas et Pucon

Isla de Chiloe 
De Vina del Mar j'ai pris la direction du sud et donc d'un climat comme on le connait chez nous (et oui, dans l'autre hémisphère sud quand on va plus au sud on se rapproche du froid ^^). Et ça n'a pas manqué mais avec la bonne surprise de voir des paysages de plus en plus verdoyants et vallonnés, avec des forêts de conifères (2 mois sans sapin ça vous change un homme ^^), des petits prés cloturés et des vaches ! Comme chez nous quoi.

dimanche 10 mars 2013

Chili : San Pedro, Vina del Mar et Valparaiso

San Pedro 

Après un mois et demi à quasiment plus de 3500m à se geler les fesses la nuit tombée et à crever de chaud en plein soleil, il était temps de retrouver un climat plus constant dirons-nous. Mais comme San Pedro est situé en bordure du désert d'Atacama, le plus sec du monde, le contraste était violent. On troc donc la polaire+GoreTex contre le t-shirt, les chaussures avec bonne paire de chaussette contre les sandales et on ne sort plus le bout du nez entre 13h et 16h ^^.

Après deux mois de voyage

Au tout début, après 2 semaines, j'avais déjà l'impression d'avoir voyagé 2 mois tellement j'avais vu, rencontré, partagé. Tout était nouveau, j'avais un grand appétit de découvrir ce monde avec ces expériences (surtout après Haïti). Plutôt difficiles et préoccupants au début, les changements continuels de lieux sont devenus une habitude, un rythme agréable. Bien entendu, pouvoir se poser à un endroit plusieurs jours durant était un réel plaisir afin de se reposer, faire la lessive et prendre du bon temps pour planifier la suite du voyage ou écrire quelques lignes sur le blog. Il n'empêche que le premier mois, je n'ai lu que 20 pages de mon livre et c'était à l'aéroport de Zurich ^^, autant dire que je n'ai pas chômé. Puis, après un séjour de quasi 3 semaines à Cusco, c'était le vrai voyage qui commençait. Pourquoi ? Car je n'avais rien de planifier dans le cours terme, la prochaine échéance était le vol depuis Santiago le 18 mars, et j'étais seul. En 20 jours en Bolivie, j'ai dormi à 16 endroits différents, mangé dans les mêmes bistroquets que les locaux, arpenté les rues de toutes les villes visitées pour découvrir l'envers du décor. Autant dire qu'en arrivant à Vina del Mar, j'étais vraiment steak (= très fatigué ^^) et que quelques jours de repos chez “Maggy” m'ont fait le plus grand bien. Bien sûr c'était ma faute, j'aurais très bien pu faire des étapes plus espacées, rester à un endroit plus longtemps (comme à Sucre par exemple) mais très franchement je n'en ai pas trouvé en Bolivie où passer 2 ou 3 jours sans me lasser rapidement.

Je me suis donc demandé pourquoi. Pourquoi après 2 jours j'étais lassé ? Et donc qu'est-ce que j'attendais d'un endroit, d'une ville ?

Et toutes mes réflexions semblaient converger vers une réponse : le fait d'être seul. En effet, une ville se perçoit et s'apprécie différemment si l'on peut partager un pique-nique dans un parc ou boire un verre sur une terrasse en fin de journée. Un repas pris seul, même à des endroits variants, reste assez similaire en tous cas dans l'esprit. Une chose intéressante c'est que quand je me disais que je pourrais me faire plaisir en m'offrant par exemple un bon resto, je n'en avais en fait finalement pas envie parce que je ne pouvais partager ce moment “spécial” avec personne et que dès lors même un bon repas restait un repas que je pouvais bien prendre dans le premier bistroquet qui venait. Alors qu'à plusieurs, ceux-ci deviennent des éléments importants constitutifs d'une journée et peuvent même suffire pour en être les objectifs principaux ou uniques de celle-ci.

Ainsi, en ajoutant les attractions et sites à voir, on passe facilement quelques jours dans une ville. Autrement, on la parcourt en long et en large, on s'intéresse aux choses à faire et bien sûr on s'émerveille devant les belles choses...mais pas très longtemps car pourquoi s'attarder plus ici alors qu'ailleurs il y en a d'autres à voir?

On passe également du temps à repérer les endroits sympas pour manger, acheter des fruits ou du pain (ça, c'est pour moi ^^) puis on rentre tranquillement à l'hotel. Et le lendemain, après être sûr qu'on a bien tout vu...on prend un bus, on change d'endroit et on recommence. Comme si le fait de bouger était salvateur, comme si il constituait une activité réalisée pour occulter une réalité, banale mais pourtant fondamentale : ne pas s'ennuyer :-). Seul, on n'a pas de motivations intrinsèques exceptées celles propres au voyage c'est à dire voir et découvrir des belles choses. Et à partir d'un certain moment, on change d'endroit pour essayer de rencontrer des gens avec qui partager cela. Ce partage si important comme le décrit subtilement le film “Into the Wild” : “le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé”.

Tout cela, je ne l'ai perçu qu'à la fin de mon séjour en Bolivie et au Chili car je rencontrais de moins en moins de monde et quasiment personne pour ce dernier pays. En effet, le Chili est un pays incommensurablement long et le tourisme je dirais plus démocratisé induisant un nombre possible de lieux à visiter gigantesque. Ainsi les touristes sont éparpillés même si autour de San Pedro (extrême nord) et en Patagonie (au parc Torres del Paine par exemple) leur concentration reste très élevée.
Et en ayant moins de contacts, on se rend compte de leur absence et de leur importance.

Car outres les paysages et sites incroyables que j'ai pu voir, c'est bien les rencontres faites jusqu'à maintenant qui me marquent le plus. Au début c'était chaque jour, chaque semaine, de nouvelles personnes avec qui l'on partage un thé, la visite d'un site ou des astuces de voyage. On noue des contacts et bien sûr on doit malheureusement se séparer à chaque fois mais le processus est comme perpétuel et on réalise de nouvelles rencontres plus enrichissantes les unes que les autres.

Cela montre aussi bien toute l'importance de l'amitié et des liens incroyables qu'on peut créer, tisser et renforcer avec ses amis durant des années. Avec la famille, ce sont les fondements même de notre vie (sociale et sociable) et de notre équilibre, car seul nous ne sommes personne.

samedi 2 mars 2013

Bolivie : Potosi, Sucre et Uyuni

Coup de gueule 

Commençons par un petit coup de gueule. Après avoir séjourné à La Paz jusqu'à saturation, il me fallait reprendre le cours de “mon” voyage, c'est-à-dire celui où je décide ce que je fais, quand, comment et combien de temps. Malheureusement, j'ai un grand problème avec la Bolivie c'est que on ne va pas réellement où on veut et grossièrement le tracé du touriste est quasiment tout déterminé. En effet, en dehors des lieux touristiques, il n'y a rien à des kilomètres à la ronde. C'est superbe lorsqu'on traverse ces contrées sauvages à perte de vue mais il n'est quasiment pas envisageable d'aller y faire une marche car pas exploitées et donc absolument pas desservies par les bus ou autres transports. Bien entendu ce fait n'est pas la faute des boliviens, mais j'ai néanmoins la méchante impression que rien n'est fait pour améliorer ce point là et que c'est même une volonté. En effet, dans la plupart des villes, le programme se limite aux 2-3 attractions à touristes proposées et sinon, il faut bien le dire, il n'y a plutôt rien à faire. En plus, si on veut aller marcher dans un parc naturel, il faut dans la plupart des cas être obligatoirement accompagné d'un guide. Forcément puisque personne ne s'est donné la peine de faire une carte potable, les gens ont de grands risques de se perdre. Et ainsi ils paient un guide, tout bénef. Je sais je suis difficile et râleur mais je suis pas sûr que ce genre de logique va à terme attirer beaucoup de touristes en Bolivie (même si les prix sont 5 à 10 fois inférieurs à la Suisse).
Pour ma part, ce n'est pas très motivant : si visiter un pays c'est faire des attractions avec 20 autres gringos comme vous dans une visite aménagée, stérilisée et stéréotypée...bof. Prenez par exemple les alentours directs de la place principale des villes principales : c'est d'un affligeant avec des boutiques de marque, des pizzerias tous les 2 mètres, cinquante agences qui vous proposent les mêmes 3 attractions comme mentionné ci-dessus, etc... Alors que si vous vous écartez du centre, vers l'extérieur, vous rentrez dans la zone où les gens locaux vivent, font leurs courses, vont au marché... Une zone dont les bâtiments ne sont pas toujours soignés, les échoppes très sommaires, les routes de simples pistes de terre, mais au moins vous voyez le vrai côté du miroir et en général il est bien plus beau et typique que ce qu'on trouve au centre. Donc un conseil sortez des sentiers battus, ça vaut la peine; pour le reste...essayez et faites vous votre opinion :-). A voir si la mienne changera avec les prochains pays visités.

Potosi

Bref, revenons à Potosi. Après une dizaine d'heures de bus depuis La Paz, j'arrivai à Potosi à 4h30 du matin. Ben tiens, c'est super pratique ça comme heure d'arrivée (j'ai toujours pas compris l'utilité). J'ai donc attendu 1h30 à grelotter dans le terminal avec deux amis argentins avant de pouvoir aller au centre ville en bus. Et comme il était trop tôt pour prendre mon lit dans le dortoir, j'ai donc été visité la ville à pied. 
Potosi est plutôt une ville à l'architecture agréable, de type colonial car ayant été quasiment (je dis bien quasiment) le centre du mondeau 16ème siècle. En effet, c'est à cette époque que les conquistadors espagnols ont découverts autour de Potosi des gisements énormissimes d'argent qu'ils exploitent abondamment et avec lesquels ils s'enrichissent. La ville, créée en 1545 dans ce but, devient plus peuplée que Paris ou Londres à l'époque et compte plus de 200'000 habitants. Mais les mineurs sont eux aussi exploités et travaillent dans des conditions terribles, mourant par milliers (millions au total) de maladie ou à cause d'effondrements. Lorsque les gisements d'argent commencent à s'épuiser vers la fin du 18ème siècle et que d'autres ne sont trouvés, la ville tombe en désuétude et est gentiment laissée à l'abandon. D'autres minerais sont exploités comme l'étain, l'antimoine et le zinc mais ceux-ci ne suffisent pas à garder l'intérêt des conquistadors. 
Les hauts de Potosi avec le "Cerro Rico" en fond ("montagne riche")
Ruelle des hauts de Potosi
Aujourd'hui, Potosi est toujours tristement connue pour ses mines dans lesquels travaillent (et meurent comme dis le “dicton”) chaque jour 2000 à 3000 boliviens. En raison des poussières et vapeurs inhalées, ils développent une maladie qui leur obstrue les poumons et réduit leur durée de vie à seulement 35-40 ans. Difficile à concevoir. Mais les mineurs sont néanmoins fiers de leur travail car c'est une tradition. 


Dans la mine, pataugeant dans un liquide
composé d'on ne sait quels matériaux
Dès lors j'étais partagé entre le fait de faire la visite des mines pour un aspect purement instructif et témoignant d'une situation actuelle difficile mais bien réelle ou éviter celle-ci car trop intrusive et représentant une sorte de voyeurisme malsain. J'avais opté pour la seconde possibilité mais lorsque j'ai eu fait le tour de la ville et des hauteurs et que j'ai découvert qu'il n'y avait vraiment, mais vraiment, rien à faire je me suis finalement décidé à faire la visite. Et bien m'en a pris car c'était vraiment très enrichissant. Comme elle a eu lieu un samedi d'après carnaval, très peu de mineurs travaillaient dans la mine (on en a vu 10 ^^) et on a fait la visite seulement à 2, avec une française, et nos 2 guides, anciens mineurs reconvertis. Les conditions étaient certainement plus faciles en raison du peu de travailleurs. En effet, cela engendre moins de poussière et moins de chaleur, facilitant ainsi la “visite”. Néanmoins, on se représente sans peine la difficulté de travailler dans un tel endroit et qui est d'ailleurs bien représentée dans le film documentaire de 2005 “The Devil's Miner” que j'ai eu la chance de voir à Sucre et qui a été tourné dans les mines de Potosi. 

Un mineur creusant au burin une cavité pour ensuite y insérer un bâton de dynamite
Mise à part ça les hauts de la ville sont à mon avis très typiques des villes boliviennes avec des rues épurées, de terre ou de béton et toujours avec une vue superbe sur les sommets alentours. Un bon endroit pour se promener tranquillement loin du trafic et du centre.

Sucre

Après l'escale d'un jour à Potosi, je reprenais le bus pour aller dans la capitale : Sucre. J'en avais entendu que des aspects positifs et étais dès lors impatients de découvrir les lieux. Mais de la même manière que Cusco j'ai été au premier abord un peu déçu de ne découvrir “qu'une ville”, belle certes avec son centre tout de blanc vêtu, mais finalement un peu pareille aux autres. Cet allant critique est aussi peut-être dû à mon humeur du moment quelque peu fluctuante qui m'a fait voir les choses de manière biaisée. 
Cependant une chose m'a vraiment emballée, c'est la place devant l'église de la Recoleta qui présente un très joli passage voûté avec une vue plongeante sur la ville ainsi que des magnifiques petites ruelles à l'arrière (3 photos qui suivent). Un coin à découvrir absolument en lisant un livre, cassant la croûte ou buvant une bière.

Eglise de la Recoleta depuis les arcades

Vue de la place devant l'église de la Recoleta et dont la vue donne sur la ville
Toujours la vue sur la même église mais depuis une ruelle derrière.

La beauté du cimetière général et de son aménagement fin et subtil et également à remarquer pour la Bolivie (dsl c'est à nouveau cash mais à mon avis vrai) ainsi que le parc Bolivar. La place centrale entourée par ses fameux batiments coloniaux blancs est également un endroit sympa pour s'arrêter lire quelques pages. Un autre endroit à ne pas manquer est le marché central juste à côté. Celui-ci s'étend sur 3 étages et ressemble furieusement à un parking  extérieur comme chez nous mais ici les voitures sont remplacées par des étals de fruits et légumes de toutes sortes, du fromage, des jus colorés, des pains en veux-tu en voilà (ça, c'est pour moi ^^), des bibelots en tous genres, des échoppes à touriste comme partout et surtout des alignées de tables de camping pour prendre l'almuerzo (diner) comme les locaux. Si vous devez aller diner quelque part c'est bien là ! :-) 

Cour supreme de justice devant le parc Bolivar
Sinon à Sucre j'ai rencontré Attila, un ami tchèque, avec lequel j'ai visité la ville durant deux jours ainsi que le musée paléontologique du coin. Il s'est avéré que c'était une de ses passions et dès lors j'ai eu droit à des infos complémentaires et hyper intéressantes sur l'ère fabuleuse des dinosaures ainsi que celles ayant précédé et succédé. Et pourquoi ce musée à cet endroit? En fait, il a été créé après la découverte de couches géologiques comportant des empreintes de dinosaures fossilisées d'il y a 68 millions d'année. Avec le mouvement des plaques tectoniques qui a donné lieu à la formation de la chaine andine (entre autre), ces couches se sont plissées et dans ce cas mises en position verticale. Il a été découvert accidentellement durant un terrassement car le site était une ancienne carrière. Après cette découverte, les archéologues ont repris la main et sorti de terre cette IMMENSE paroi (de 1500m de long sur 110m de haut) avec plus de 5000 traces de dinosaures de différents types. Vraiment fascinant. 

1km500 de long, 110m de haut, 5000 traces de dinos, un immense tableau naturel sorti du passé

Une autre, pour donner une perspective légèrement différente
Et une zoomée pour voir les traces, verticalement sur la gauche
En plus de cela, le parc contient des répliques de dinos grandeur nature dont un titanosaur de 38m de long et 18m de haut. La photo ci-dessous permet de le comparer avec moi ^^.

Tieu la bête !
Donc Sucre ça vaut quand même vraiment la peine d'y passer même si elle révolutionne pas le genre :-).
Il était alors gentiment temps d'aller vers Uyuni pour voir le fameux Salar. Ainsi le soir avant de partir, je préparai 4 énormes sandwichs pour le souper du soir et les 12h de bus du lendemain en regardant depuis ma fenêtre avec vue sur la rue, les gens courir dans tous les sens sous une pluie battante. Puis je dégustai ceux-ci en regardant un film sur mon ordi tranquillement assis dans le dortoir de 8 lits que j'occupais seul ^^. C'est pas souvent et ça fait vraiment plaisir.

Uyuni

Uyuni, située au sud de la Bolivie, ressemble furieusement à une ville de western avec ses rues désertes et arides en terre jaunatre. On y verrait des cow-boys qu'on ne serait pas étonné. Mais Uyuni est quasi uniquement connue pour son Salar qui est d'ailleurs une des attractions les plus populaires de Bolivie. Et comme ça permet d'accéder au Chili ensuite, c'était donc tout trouvé.

A 10h30, le lendemain j'étais donc prêt à prendre le 4x4 pour parcourir ces plaines naturelles à perte de vue avec une fine équipe formée de deux anglais (un et une), deux japonais (un et un) et un canadien (un). Surement en raison de l'heure très matinale (hmmm), nous sommes partis avec 45min de retard vers le Salar, premier attraction du jour. Un ancien lac d'eau salé quasiment asséché depuis et constituant donc une étendue salée impressionnante permettant de mettre en image son imagination :-D. Les reflets sur certains bancs d'eau sont également féeriques. Une place sans commune mesure.

Le Salar 1

Le Salar 2 (remarquez un certain drapeau rouge et blanc...)

Le Salar 3 : quel équilibre

Le Salar 4
Puis départ vers le sud où nous attendent des paysages typiquement texans (dixit le canadien du groupe) de terre rouge et craquelée avec en fond des sortes de canyon. Malheureusement, malgré que le guide soit super sympa, il ne dessert pas les dents du voyage et nous n'aurons comme information que les noms des endroits où l'on s'arrête (après que je les aie demandé bien entendu), rien de plus. Vraiment dommage (mais j'y reviendrai :-) ).

Le jour suivant, on voit des roches volcanique plantées au milieu du sable à des kilomètres de la prochaine montagne,


un lac de glacier superbe,


des paysages désertiques aux couleurs improbables contrastant avec le ciel,


une lagune immense de 30cm de fond où se prélassent des flamands roses,


la fameuse laguna verde aux reflets....verts


ainsi que la laguna colorada plutôt teintée de rouge.


Après un bon souper spag-bolo-vin il est l'heure d'aller prendre des forces car le lendemain le rdv est fixé à 5h pour le déjeuner. Seulement, à 5h le lendemain il n'y a personne...tout est noir et silencieux. 5H30 arrive en catastrophe le premier guide qui va dans la cuisine packter le déjeuner et qui part avec son groupe. Je lui demande où est notre guide, il n'en a aucune idée. Lorsque les autres sont dehors de la chambre, l'un d'eux me dit qu'il a entendu les guides se mettre une quillée magistrale et faire une monstre fiesta le soir d'avant. Magnifique ! On décide donc d'aller se servir dans la cuisine pour le déjeuner avant que notre guide ne se pointe à 6h, les yeux démontés et n'ayant visiblement pas les idées en place. On ratera donc le lever de soleil mais on verra quand même les geisers et on pourra se réchauffer dans les eaux chaudes naturelles qui suivront avant de rallier la frontière pour passer au Chili (et j'en suis vraiment pas malheureux ^^).



Donc des paysages fantastiques mais le tout teinté d'une petite amertume concernant le voyage en lui-même. J'y reviendrai dans un petit résumé sur mon opinion de l'Amérique du Sud :-D.

Maintenant ? San Pedro puis Vina del Mar pour recharger mes batteries durant quelques jours et déterminer la suite du voyage au sud.

vendredi 1 mars 2013

Bolivie : Huayna Potosi

Pfiou, longue histoire mais je vais essayer de faire bref. (pour ceux qui ne veulent pas se taper un plutôt long récit d'une "simple" montée à 6000m, vous avez meilleur temps de passer votre chemin ;-P). 

Le Huyana, là au loin [Wikipedia]
J'avais eu vent par plusieurs personnes (dont Christelle et Valentin que je remercie en passant) de treks sympas et variés dans la fameuse cordillère royale s'élevant au-dessus La Paz. 3, 4, 5 jours entre 4000 et 5500m d'altitude dans des paysages somptueux. De quoi me mettre l'eau à la bouche. Puis Quentin, un ami français rencontré lors du Salkantay trek à Cusco, m'a parlé de l'ascension en 3 jours du Huayna Potosi culminant à 6088m. Pour lui, une expérience incroyable avec guide et matériel complet prêté, le tout à un prix dérisoire comparé à chez nous. Et en plus, des 6000 faciles, y en a pas tant.

Partagé entre excitation et inquiétude (on ne rigole pas avec la montagne), l'idée a eu une bonne semaine pour faire son chemin. Et devant une telle opportunité je me suis dit qu'il valait mieux tenté le coup quitte à rebrousser chemin si les conditions ou le physique ne suivaient pas. C'était donc booké !

Les deux jours avant le départ j'ai donc pris soin de me faire à manger afin d'éviter tout problème d'estomac comme à Cusco. Choix judicieux à posteriori. A 8h45 lundi, j'étais donc à l'agence pour essayer le matos, faire le sac et partir vers la montagne avec mon compatriote de trek. Seulement, à 9h30, celui-ci n'était toujours pas apparu et un coup de téléphone nous apprit qu'il ne viendrait pas en raison de maux de ventre suite à un carnaval trop arrosé (bravo quoi). Tant mieux, j'avais le guide pour moi tout seul ^^. C'est donc en taxi (!?) que je rejoignais le premier refuge à 4700m où je devais rencontré mon guide et suivre une demie journée de formation technique. Mais n'ayant pas été averti de ma venue, celui-ci devait redescendre à La Paz me laissant seul pour la journée avec les gardiens du refuge mais en me disant qu'un autre guide arriverait “sans-faute” le lendemain. Heureusement, le gardien et sa fille étaient vraiment charmants et aux petits soins et je passai l'après-midi dehors à les aider à monter une étagère pour les sacs à dos :-). 
L'étagère en fabrication puis en place ^^
Je fis également une petite marche vers le lac du barrage ainsi qu'un autre en contrebas avec un temps pourri et froid pour le premier, seulement froid pour le deuxième ^^. 

Route serpentant jusqu'au lac
Et le lac au coucher du soleil
refuge du Rock camp
Le lendemain, mon guide William arriva comme convenu vers 9h et nous primes la route direction le Rock camp à 5130m d'altitude. Pas de grande difficulté ni de grosse dénivelée mais avec un sac d'environ 15kg, c'était plus qu'une simple balade. Néanmoins, 2h plus tard nous étions au refuge, seuls avec le cuisinier qui créchait là. 

La formation technique ? “Pas nécessaire afin d'économiser tes forces pour demain” selon lui. Ok...donc j'avais environ 5h avant le souper pour...ne rien faire et m'inquiéter par rapport au temps plus que maussade ainsi qu'au nombre de couches d'habits que j'allais mettre pour ne pas avoir froid mais pas trop chaud non plus. 

Vue depuis le refuge (le lendemain sans nuages)
Heureusement, un groupe de 4 français et leurs guides arriva dans l'après-midi ce qui mit un peu d'ambiance dans la cahute où on frisait méchamment avec la nuit approchant. Après le souper avancé à 17h, c'était dodo car le lendemain le réveil était prévu à 00h15. Mais vas t'endormir à six heures du soir alors qu'il fait un froid de canard, que t'as pas sommeil et que le lendemain tu vas faire un 6000 de nuit à la frontale ! 

Le "dortoir". On voit que y a déjà eu qq personnes avant nous.
C'est donc après m'être réveillé une dizaine de fois et dormi environ 2h au total que le moment fatidique arriva. J'optai pour 4 couches en haut, alors que mon guide m'incitait à en accumuler le plus possible, et 3 en bas en suivant cette fois ses conseils. En effet, je ne voulais pas avoir trop chaud en montant afin d'éviter de transpirer et je misais sur la qualité de mes habits pour me tenir suffisamment chaud quand même. Et au pire, il y avait encore une polaire et la veste de l'agence dans mon petit sac à dos gardé exclusivement pour la montée. 4 tartines et 2 matés plus tard, on était tous prêts, bottes et crampons au pied, harnais et corde ainsi que frontale enclenchée pour débuter l'ascension à 1h30 du matin. Petite anecdote : la frontale utilisée était celle que l'on avait reçue comme lot lors du championnat cantonal individuel de je sais plus quelle année ^^. Et feu c'est parti ! (Attention je switch au présent. Je demande pardon à mes profs de français pour cette erreur grossière mais c'est plus prenant comme ça) 

Dès le départ, la pente est raide, nous obligeant à marcher en quinconce d'un pas plutôt lent mais constant pour le souffle. Il fait nuit noire et seul le ciel étoilé vient troubler la quiétude du moment. Et quel ciel ! Dommage qu'il faille être concentré sur l'endroit où poser ses appuis. 

La montée dure, les lacets s'enchainent, la pente augmente et la fatigue commence à se faire sentir. Mais le plus dur reste de se focaliser exclusivement sur ses pieds, sans jamais les lacher du regard afin de ne pas déraper et risquer la chute. Rien d'autre à faire ou à voir, seulement rester concentré sur le meilleur endroit où poser son pied une demie-heure, une heure, une heure et demie durant... Puis les effets incroyables de l'altitude commencent à se faire sentir. Le souffle est court, des inspirations profondes et régulières sont nécessaires pour éviter une mini asphyxie passagère. Les cuisses faiblissent soit dû à l'effort ou au manque d'oxygène. Les maux de tête sont encore quasiment inexistants mais chaque changement de rythme se fait quand même brièvement sentir. 

Photo prise lors d'une pause (qualité pourrie à cause
du flash mais c'est pour l'ambiance)
On arrive alors face à un “mur”, une pente impressionnante à ~60% que l'on doit attaquer de face au piolet et avec les crampons. Pour bien assurer sa prise, un coup de pied franc dans la paroi est nécessaire avant de s'élever pour enchainer le pas suivant. Normalement rien d'extraordinaire mais à 5500m ces simples gestes dépensent beaucoup d'énergie. Arrivés au plat, le guide nous informe qu'après ~2h30 de montée,on a atteint...la moitié ! Gasp. Il reste donc 2h30 identiques, la fatigue en plus. Des pauses bien choisies permettent de s'hydrater abondamment et d'ingérer le plus de sucre possible (sous forme de chocolat). 


Une heure plus tard, vers 5800m, les sensations deviennent dantesques car se cumulant. Chaque rupture du rythme de respiration équivaut quasiment à la sensation de sortir la tête de l'eau pour prendre son souffle quand on manque d'air. Incroyable, presque impensable. Toute l'eau et la nourriture ingérées sont digérées lentement dans l'estomac qui, rationné en sang par l'effort, se crispe par moment laissant présager de possibles vomissements. Et la tête commence gentiment à taper. Mal des montagnes ou conséquence logique de l'effort? Les jambes aussi faiblissent, tressaillent, rendant le mental encore plus vulnérable devant ce mélange de douleurs couplées. Et pour ne rien arranger, le froid devient perçant (environ -15°C à 6000m) face au corps qui se refroidit constamment.

Puis arrivent les derniers lacets, on devine le sommet pourtant encore très haut. Le rythme des pas à 6000m est celui d'une personne très agée, tout se fait au ralenti. On s’essouffle maintenant à chaque pas car les mouvements vers le haut sont une lutte. Des conditions quasi inconcevables, indescriptibles, des sensations irréelles. 
Le sommet du Huayna au petit matin (photo prise à la descente, bien trop sombre à la montée)
Et le sommet se dévoile devant l'horizon s'éclairant lentement sous un ciel sombre, bleu cendré. A nouveau : vision irréelle, cinématographique. Une arête précède la dernière montée : 300m de vide à pic à droite, une méchante pente enneigée à gauche. Cet obstacle passé, il ne reste que quelques mètres.

Et c'est le sommet, enfin, but tant attendu et espéré pendant 4h30, objectif insensé à 6088 mètres de haut... 

Sommet à 6h du matin juste avant le lever de soleil

:-D
A 360° autour de soi, on toise les pics voisins, les vallées, les lacs, La Paz à l'horizon, on est comme au sommet du monde. Et là, le mental qui vous a tiré jusqu'en haut grâce à sa seule abnégation s'écroule et laisse retomber sur vos épaules la fatigue accumulée, le froid, la soif, les maux de tête et de ventre, vous coupant les jambes devant cette vue infinie. Et là, vous vous sentez comme touché par la grâce d'avoir eu la chance d'atteindre le sommet et d'être l'invité privilégié de ce spectacle grandiose. 

Le temps de prendre quelques photos pour immortaliser ce moment qu'il faut rebrousser chemin sous le soleil levant afin de rallier le refuge avant que la neige n'ait trop évolué. 1h30 de descente tout autant sublime sur les traces empruntées à la montée mais cette fois avec la vue alentours. Quel spectacle... 

La descente, pas facile. La partie à gauche est bien 1000m plus bas, celle sombre à droite ~2000m
...
Juste derrière se trouve le fameux passage à 60° mentionné à la montée
Mon guide Williams faisant une petite pause bien méritée
Puis au refuge, on packte à nouveau le grand sac avec toutes les affaires avant de redescendre au camp de base à 4700m en un peu plus d'une heure à nouveau. Mais on n'est plus à ça près à ce moment. Finalement, un minibus nous ramène à La Paz, il est 11h du matin, l'heure parfaite d'aller manger quelque chose de consistant pour se remettre de mes émotions et de cette matinée qui restera à jamais gravée au plus profond de moi.