mercredi 12 décembre 2012

Haïti : l'école

Ah ben c'est le moment ! Oui je sais, désolé pour l'attente :-D
Voilà donc un sujet bien plus léger et sympathique que ceux traités jusqu'à maintenant. Alors, quant est-il de l'éducation des jeunes pousses haïtiennes de nos jours.

En Haïti, le cursus scolaire se compose tout d'abord de 3 années de Kindergarten (c'est le nom officiel, promis :-D), suivi de 6 ans de fondamentale appelés classiquement 1e, 2e, 3e, 4e, 5e et 6e, puis 3 ans de secondaire (7e, 8e et 9e) et finalement 4 années de lycée (3e, 2nde, Réto et Philo) avant que les plus courageux (enfin surtout ceux qui peuvent se le permettre) n'atteignent les bancs de l'université. Donc le cursus scolaire est comparable au nôtre à une année près. Les élèves vont à l'école soit le matin de 8h à 14h ou l'après-midi (je connais pas les heures :-S).
Les établissements scolaires arborent en général une très belle fresque à leur entrée qui comprend le nom de l’école ainsi que des niveaux qui y sont enseignés.


Selon le manuel “Mon livre de géographie 2” des élèves de 5e et 6e année, 65% de la population était analphabète en l'an 2000. Mais ce nombre élevé est dû aux personnes actives n'ayant pas bénéficié de l'offre de scolarisation actuelle. En effet, selon cette fois l'institut haïtien de statistique et d'informatique dans son document de juillet 2010 (donc récent !) sur “l'enquête sur l'emploi et l'économie informelle (EEEI)”, près de 77% de la population scolarisable (6-24 ans) fréquentait l'école au moment de l'enquête pour l'année académique 2007-2008. Ce taux se monte même à 85% pour les 6-9 ans et 90.5% pour les 10-14 ans avec un écart important entre le milieu rural et urbain. Mais au niveau proportion filles-garçons c'est 50-50 :-D. Les tableaux et graphes qui suivent sont tirés de ce document que j'ai trouvé fort intéressant et instructif (pour y accéder : http://www.ihsi.ht/pdf/eeei.pdf)


Le niveau d’étude des élèves dans la tranche d'age 6-24 ans est lui représenté dans le graphe suivant.


Les écoles sont très majoritairement privées et donc peu d'entre elles sont publiques et gratuites. Environ 70% et 30% selon ce même document alors que les gens me disent plutôt 90% et 10% (certainement d'anciennes valeurs plus d'actualité).

D'ailleurs, le président en place depuis bientôt 2 ans, Monsieur Michel Martelly, avait placé l'éducation gratuite au niveau fondamental comme objectif principal de son programme électoral  Ce projet serait toujours en cours à l'en croire même s'il avance à petits pas. En effet, le gouvernement subventionne un nombre croissant d'écoles privées pour que certaines classes d'enfants soient gratuites.

Il y a 3 standings d'école privée selon les moyens de la famille. Entre 2500 $H (dollars haïtiens  diviser par 8 pour avoir en CHF ou USD) et 2000 $H par enfant par année scolaire pour le haut, 700-500 $H pour le moyen et je n'ai pas les chiffres pour les moins chères. Sachant que le revenu moyen mensuel en Haiti est de 800 $H et le revenu médian 500 $H, cela devient compliqué de scolariser 5 enfants.

D'un autre côté, après le tremblement de terre de janvier 2010, Haiti a vu une grande quantité d'organisation se présenter pour aider à reconstruire des écoles, qu'elles soient faites de briques ou contenues dans des "containers" géants offerts spécifiquement. D'ailleurs dans la région de Léogane, plusieurs établissements sont sponsorisés par la fondation Digicel (un des deux opérateurs téléphoniques du pays et qui est... irlandais) qui a offert ces fameux containers que vous pourrez voir dans les photos qui suivent. Super idée? A mon avis non, pas du tout même et ce pour plusieurs raisons. Etant donné l'ensoleillement d'Haiti et la structure métallique de ces boites, la chaleur à l'intérieur est élevée, trop selon les enseignants. De plus, elles ont un caractère provisoire (qui risque néanmoins de durer très longtemps), coûtent excessivement chères (même si elles sont offertes) et sont importées depuis les Etats-Unis. Dès lors, pourquoi ne pas utiliser cet argent pour construire des écoles permanentes, en briques et en plus grand nombre? De cette manière cet argent permettrait d'engager des ouvriers haïtiens  d'acheter du matériel chez les vendeurs locaux et d'ainsi favoriser l'économie du pays qui a un réel besoin d'argent externe. Au lieu de cela, les containers sont achetés aux USA (donc zéro argent pour Haiti), importés par des bateaux certainement américains (engendrant une pollution additionnelle) et de plus ne sont pas adaptés pour l'enseignement.
Si on essayait d'utiliser l'argent de donateurs ou de l'Etat pour booster sa propre économie en le camouflant sous des prétextes d'aide aux pays en voie de développement, on agirait pas autrement... … (et encore trois points de suspension pour la forme ^^)
J'en ai fini pour les chiffres, passons à la pratique. Lors de l'interview des leaders, il s'est avéré que plusieurs d'entre eux étaient enseignants. Quelle aubaine ! Cela m'offrait ainsi une parfaite occasion de demander à l'un d'eux si je pouvais venir visiter son école et participer à une de ses leçons. J'étais donc tout content de pouvoir entrer un mercredi matin à 9h00 dans la cour de recréation de l'école Précision. Les enfants étaient sagement en classe pour les leçons quand mon ami me reçu. 
Il me fit visiter les lieux en compagnie du directeur de l'école. Cette école avait été complètement détruite après le tremblement de terre et deux bâtiments ont été reconstruits grâce à Save The Children alors que les autres sont les fameux containers susmentionnés.


Puis ce fut l'heure de la recréation.
Dès mon arrivée en Haiti, j'ai directement reconnu les petits écoliers car ceux-ci portent un uniforme dont la couleur dépend de l'établissement dans lequel ils sont. Certains ont de beaux pantalons verts avec chemises vertes à carreaux alors que d'autres sont en pantalons oranges et chemises blanches unies ou encore, comme à Précision, des pantalons gris avec des chemises bleues à carreaux. Ils portent aussi des shorts (comme sur la photo) mais je ne sais pas en quelles occasions l'un est préféré à l'autre.


Les filles ont encore des rubans de couleur dans les cheveux (bien sur, ils sont blancs sur la photo, merci Murphy ^^) et arborent de longues chaussettes ou des frous-frous par dessus leurs chaussures.
Ce qui est sûr c'est qu'ils sont vraiment magnifiques, au propre et au figuré, quand on les voit s'en-aller à l'école le matin ou revenir dans l'après-midi.

Les uniformes ont pourtant été décriés car induisant un cout supplémentaire à celui des études (pour un enfant ça peut aller mais comme la moyenne est de 4.5 enfants par famille...) mais leurs défendeurs ont surtout voulu souligner l'aspect psychologique positif qu'il induisait sur les enfants et sur la perception de l'enseignement. Personnellement, je pense aussi que c'est une bonne idée car c'est une petite fierté d'avoir son uniforme, cela met une distinction entre le moment où on est à la maison et celui où on est à l'école et finalement financièrement, si les enfants ne portaient pas cet uniforme, ils devraient utiliser d'autres habits qu'ils doivent aussi acheter et qu'ils useraient certainement plus.

Après avoir un peu jouer et chercher quelque chose à boire ou à grignoter  c'était le moment de rentrer en classe. Et pour moi aussi :-).

Les classes ne sont pas trop remplies avec entre 15 et 20 élèves. Étonnamment (je ne sais pas si c'est voulu) les garçons se sont assis à droite de l'allée centrale et les filles à gauche. Puis chaque cours commence avec 5 minutes de mise en train avec soit une chanson, une histoire drôle  un petit jeu ou la répétition d'une précédente leçon. Petit moment de détente avant de commencer le travail. J'ai suivi le cours de sciences expérimentales et celui de math (eheh). Les règles sont dites à haute voix par le professeur et reprises en choeur par les élèves. On a fait un peu de théorie, des explications au tableau, quelques exercices de périmètres, surfaces et de coûts de clôture en bois et le cours était déjà fini. Et l'heure pour moi de rentrer dîner.

Mais avant de vous laisser je voulais encore parler des manuels scolaires car David en a achetés quelque-uns et je me suis amusé à parcourir ceux de géographie, d'histoire, de lecture et d'éducation civique. Je les ai trouvés (attention, je crois que c'est la première fois que j'utilise cet adjectif) excellents. Tellement bon pour le dernier que j'ai décidé d'en acheter un pour moi. Ceux-ci me donnent en tous cas l'impression d'être aboutis, à la fois sur le fond et sur la forme, et d'être objectifs quant à la situation d'Haiti (pour les deux premiers nommés). Pédagogiquement parlant, je les trouve aussi bons même si je n'ai pas l'expérience de ces matières.

Enfin, tout ça pour dire que les petits haïtiens semblent être finalement en bonne route sur le sentier de la scolarisation et de l'éducation malgré quelques disparités bien présentes et même si, bien entendu, il reste encore du chemin à faire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire