mardi 8 janvier 2013

Haïti : Un peu d’histoire

Attention pavé ! ^^ Pour ceux que ça intéresse, voici un petit résumé de l'histoire politico-culturelle (mais quand même bien politique) de Haïti comme j'ai pu la résumer d'un manuel scolaire haitien (et grâce à Wiki pour la première partie).

Haïti : de l’origine à 1800 (inspiré de Wikipédia)

À l'origine, l'île d’Ayiti, où «Terre des hautes montagnes», était peuplée par les Taïnos ou Arawaks, peuple semi-sédentaire pacifique. Lorsque Christophe Colomb accosta pour la première fois le 5 décembre 1492, il appela cette terre, qui comptait probablement plusieurs centaines de milliers d'habitants, Hispaniola (« Petite Espagne »). En moins de vingt-cinq ans, les populations indiennes furent décimées par la brutalité de l’esclavage et les maladies importées par les conquérants. Le nouveau gouverneur tenta dès 1503 de faire venir des Noirs d'Afrique (du Dahomey, de la Guinée et du Nigéria) pour remplacer les autochtones. Dès 1530, l'île commença à ne plus rapporter d’or et les Espagnols concentrèrent leurs efforts dans la partie orientale de l'île et abandonnèrent l’ouest. C'est alors que les Français s'intéressèrent à cette partie et s’y établirent à la fin du 16e siècle. Dès 1700, l’Espagne toléra la présence française dans sa partie occidentale. Celle-ci devint alors la colonie de Saint-Domingue (la future Haïti), la plus riche des Antilles. À la fin du 18e siècle, la valeur de ses exportations dépassait même celle des États-Unis. Cette prospérité reposait principalement sur le sucre et le café qui avaient supplanté les premières cultures (de tabac et d’indigo). Alors que Saint-Domingue comptait quelque 200 000 esclaves au milieu du 18e siècle, en 1789, à la veille de la Révolution française, elles employaient près de 500 000 esclaves noirs pour 32 000 Blancs et 28 000 gens de couleur libres (mulâtres et affranchis). Les mulâtres sont des individus nés d'un père noir et d'une mère blanche (ou inversement) ou de deux parents mulâtres. La révolte des Noirs débuta en août 1791 sous la conduite de leurs chefs dont le plus important fut Toussaint Louverture. Il imposa la suprématie des noirs sur les mulâtres au cours d’une guerre civile en 1800 puis étendit même son autorité sur l’ensemble de l’île en envahissant la partie orientale espagnole et y en promulguant une constitution qui le nommait gouverneur à vie. Il remit l’économie de plantation sur pied en instaurant le travail forcé, n’hésitant pas à rappeler les anciens colons et à réprimer par la force la contestation des Noirs.

Haïti : de 1800 à nos jours (inspiré du cours d’histoire pour les 5e et 6e en Haïti)

Napoléon Bonaparte, non content de la constitution de 1801 préparée par Toussaint Louverture qui lui enlève le contrôle de la colonie, envoie en février 1802 une expédition dirigée par le général Leclerc avec pour but de déportés les chefs indigènes (noirs et mulâtres) et rétablir l’esclavage dans la colonie. Bien que mieux entrainés et armés que les indigènes, les français n’arrivent pas à gagner la guerre et, épuisés, finissent par signés un traité de paix en mai 1802. Un mois plus tard, Leclerc, par traitrise, fait arrêter et déporter Toussaint qui meurt en France au fort de Joux en avril 1803. Les français reprennent le pouvoir.

Les officiers indigènes sont divisés. Certains sont dans l’armée française comme Henri Christophe, Jean-Jacques Dessalines et Alexandre Pétion alors que d’autres luttent encore pour la liberté. Leclerc essaie alors d’exécuter le plan de Napoléon. Les indigènes du côté français se rendant compte du stratagème rejoignent les leurs pour lutter pour l’indépendance en octobre 1802. La lutte est acharnée durant de longs mois et l’armée indigène remporte la victoire le 29 novembre 1803. Les soldats français quittent alors la colonie et le 1er janvier 1804, Dessalines nommé gouverneur à vie proclame l’indépendance d’Haïti. Une nation est née.

Pour protéger le pays, il ordonne le massacre des prisonniers français et tente de récupérer l’est de l’île toujours aux mains de la France. Il fait également construire de nombreux forts. Le pays se remet au travail mais l’argent est gaspillé par le vol et une mauvaise administration. Le peuple gronde tout comme les cultivateurs auxquels les règlements en place rappellent l’esclavage. De plus, les généraux complotent, le Sud se soulève et finalement l’empereur Dessalines est tué en octobre 1806.

Le pays est alors coupé en deux : le Nord forme l’Etat d’Hayti dirigé par Christophe, élu président à vie, et l’Ouest et le Sud forment la République d’Haïti dirigée par Pétion élu président pour 4 ans. Avec Christophe, l’ordre et la discipline règnent et le Nord devient prospère grâce aussi à des relations commerciales avec les Etats-Unis et l’Angleterre. Avec Pétion, les citoyens sont plus libres mais moins organisés et donc moins productifs. La division du pays entraine néanmoins des affrontements qui font beaucoup de morts et empêchent le développement de tous. A la mort de Pétion, Jean Pierre Boyer lui succède (il restera d’ailleurs 25 ans au pouvoir) et se met directement au travail pour remettre de l’ordre dans l’Ouest et le Sud. Lorsqu’en 1820, Christophe se suicide, le Nord se rattache à la République unissant à nouveau le pays. En 1822, Boyer devient même président de l’île toute entière lorsque Saint-Domingue se soulève contre l’Espagne. La paix règne enfin. Mais le commerce avec les autres pays est au plus bas car Haïti n’est pas considéré comme un pays indépendant. Craignant toujours le retour des français, Boyer pense alors qu’il faut que la France reconnaisse cette indépendance tant désirée. Celle-ci accepte en 1825 mais contre une très forte somme d’argent : 150'000'000 de francs or. Malheureusement, Haïti est pauvre et se obliger d’emprunter de l’argent à… la France elle-même. Le paiement de cette dette appauvri le pays, la paix est menacée, une autre révolution se prépare. Due à la révolte de la population, Boyer démissionne en mars 1843 et est remplacé par Hérard qui écarte les noirs des postes à responsabilités et crée un nouveau soulèvement.

De 1843 à 1869, il y a de nombreux changements de présidents (7 au total) et de constitutions. Les haïtiens rêvent d’une démocratie et de faire progresser le pays. Mais ils ne s’entendent pas et deux groupes se forment dès 1870 : le parti libéral qui veut développer l’industrie avec pour devise « Le pouvoir aux plus capables » et le parti national qui croit plutôt en l’agriculture et dont la devise est « Le plus grand bien au plus grand nombre ». Leurs dissensions font que les partisans prennent les armes et organisent de terribles massacres se soldant finalement par la défaite des libéraux en octobre 1883. Entre temps, en 1880, le gouvernement achève de payer la dette de l’Indépendance.

De 1883 à 1911, Haïti connait quelques moments de paix. Le peuple se met alors au travail et profite des dernières découvertes : l’éclairage des rues à l’électricité, le béton pour la construction, le train, le tramway et l’automobile pour le transport.

En 1897 déjà, Port-au-Prince est dotée d’un tramway sur sa grand rue. Le pays exporte grâce aux bateaux à vapeur du café et du cacao en Europe, du coton et du bois de campêche aux Etats-Unis et le secteur privé ouvre des fabriques mais en nombre insuffisant. Pourtant l’économie est fragile car lorsque le prix de ces denrées baisse sur le marché mondial, les revenus de l’Etat diminuent, la misère augmente et l’instabilité politique s’installe. De plus, le pouvoir attire et les politiciens du Nord désirant devenir président arment les paysans, connus comme les Cacos, et les font se soulever.

Dès 1911, l’insécurité s’installe à cause des pillages et des meurtres et le progrès s’arrête.
De surcroit, certaines grandes puissances comme les Etats-Unis, la France, l’Angleterre et l’Allemagne veulent contrôler Haïti pour les produits qu’elles peuvent lui vendre, pour sa position géographique, car elle a toujours des difficultés à rembourses ses dettes et pour défendre les intérêts de leurs citoyens et investisseurs sur place. En effet, Haïti se trouve sur la route menant les navires au canal de Panama (finalisé et contrôlé par les Etats-Unis) reliant l’Atlantique au Pacifique depuis 1914 et constitue une station d’approvisionnement de charbon idéale pour les bateaux à vapeur de l’époque. La France et les Etats-Unis luttent entre elles pour le contrôle économique du pays ce qui se traduit par plusieurs actes d’ingérence.

En juillet 1915, après l’assassinat du président Vilbrun Sam, les Etats-Unis profitent de l’occasion pour envahir la capitale avec 300 marines afin de stabiliser la situation et apporter assistance aux investisseurs américains en Haïti. Peu à peu, ils se rendent maitre du pays et signent la Convention de 1915 qui place officiellement Haïti sous leur contrôle pour 10 ans. Les haïtiens sont partagés entre amertume et reconnaissance.

De 1915 à 1934, les américains contrôlent et organisent les institutions haïtiennes : la police et l’armée sont réunies en un seul corps et une réforme monétaire fixe la valeur de la gourde (monnaie d’Haïti) par rapport au dollar américain ce qui a pour effet de stabiliser le prix des marchandises. De plus, il n’y a plus de guerres civiles, plus de renversement du président et de nombreux projets se réalisent avec les fonds de l’Etat. Mais les américains investissent peu en Haïti et ne semblent pas avoir de véritable plan de développement pour le pays. C’est seulement en août 1934 (donc 19 ans après) que les marines quittent le pays redonnant son indépendance à Haïti. Heureuse de cela, la nation retrouve une vie sociale et culturelle active. Des courants d’idées s’expriment comme le socialisme ou le noirisme. Les partisans de ce dernier protestent contre le fait que les noirs ne sont pas représentés au pouvoir comparativement aux mulâtres. Cela, mêlé aux abus de pouvoir du président en place, mène à son renversement en janvier 1946. Un noir le remplace à la présidence.

En 1950, Haïti jouit d’un bien-être économique grâce au prix élevé du café et du sisal (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sisal), au développement du tourisme et à l’augmentation du nombre d’emplois. Entre 1941 et 1956, les 3 présidents élus tentent de modifier la Constitution afin de prolonger artificiellement leur mandat mais à chaque fois la situation se dégrade les obligeant à l’exil.

En 1957, c’est le docteur François Duvalier qui prend la tête de l’Etat. En 1958, il crée une milice appelée les « tontons macontes » pour consolider son pouvoir. Elle est puissante, redoutée et son autorité dépasse souvent celle de l’armée. La Constitution de 1964 accorde les pleins pouvoirs à Duvalier et le Parlement le proclame président à vie. Le pouvoir devient de plus en plus autoritaire et rejette toute critique. Il n’y a plus de liberté d’expression. La presse est censurée, les journalistes persécutés. Le pays est une dictature. C’est la terreur et les professionnels, enseignants et autres médecins s’exilent en grand nombre. En mourant en 1971, François Duvalier désigne son fils Jean-Claude pour sa succession. La dictature est toujours en place mais sa politique plus tolérante. Le progrès reprend mais uniquement dans la capitale et certaines grandes villes car la vie à la campagne reste très rude. L’exode rural commence à constituer un véritable problème.

En novembre 1985, une manifestation dénonçant les abus du régime entraine la mort de 3 écoliers déclenchant des grèves dans de multiples secteurs. Pour « éviter un bain de sang », Jean-Claude Duvalier démissionne et part en exil en février 1986. Ensuite, c’est la succession de gouvernements provisoires et d’élections de chefs d’Etat renversés par des coups d’Etat de l’armée (4 en 5 ans). D'ailleurs, encore en 2004, les manifestations anti-gouvernementales font s’exiler le président en place.

Chacun peut maintenant se faire une idée un peu plus précise de l'histoire et du développement du pays. Ce qui est certain c'est que la situation politique a tenu et tient encore une place prépondérante dans l'évolution d'Haïti.

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